And here we go again (Lola & Derek)

Ouai. Bon. Elle ne savait pas vraiment dans quel genre de TGV elle était tombée mais en tout cas, ça craignait vraiment. Embarquée il y a de ça quelques heures à bord d'un wagon de 2nde classe, elle avait du batailler avec un macho pour pouvoir occuper la place qui lui était attribuée, essayer de se reposer malgré les cris de deux jumeaux casse-pieds auxquels les parents cédaient tout et enfin, surtout plutôt, essayer de ne pas atteindre le niveau de la crise de nerfs en sachant que son IPod ne fonctionnait plus. Elle avait complètement oublié de recharger la batterie de sa petite merveille technologique. Du coup, elle avait passé les trois quart du temps dans le wagon restaurant du train. Quelle plaie, ces voyages en transports communs... En plus, si elle n'avait pas eu l'habitude de l'Europe, Lola était persuadée qu'elle se serait déjà tiré une balle, à l'heure qu'il était. Amsterdam et ses coffee shops avaient intérêt à changer son humeur sinon, elle ne répondrait plus de rien.

Hormis ces quelques désagréments, Lola avait ressasser les souvenirs qui la liaient à la capitale hollandaise. Les canaux, la beauté de ses tulipes, les allées de toutes tailles qui laissaient les nombreux touristes, mais également les habitants, émerveillés face à la merveillosité de la ville. Amsterdam était ce genre de ville, de port, qui faisait rêver rien qu'en citant son nom. La ville de toutes les merveilles et e tous les vices. La jeune femme avait beaucoup de mal à croire qu'une ville puisse être représentative du paradis et de l'enfer en même temps. La fille unique des Rambaud accordait peut-être trop d'importance à Amsterdam. Mais jamais elle ne l'avouerait. C'était comme un souvenir cher mais qu'il ne fallait pas remettre souvent sur le couvert. Les meilleurs moments de son enfance s'étaient déroulés là... comme les pires.

Derek Stoneham. Il était le pire souvenir qui lui restait de la Venise nord-européenne. Il lui avait fait vivre un enfer. Et pourtant, c'était lui qu'elle avait prévenu en premier de son arrivée inopinée dans la ville de Rembrandt. Quelques recherches sur internet et le tour était joué. Elle lui avait envoyé un simple mail, dans lequel elle lui rappelait brièvement qui elle était et qu'elle arriverait dans la gare aux pilotis à 11h30 précise, ce samedi du mois. Le vent était encore un peu frigorifique, la mer du Nord ajoutant à la fraîcheur de l'air. « TOI. » Oui. Derek Stoneham était le premier et le seul à la savoir de retour au bercail. Mais jamais elle n'aurait pensé qu'il serait venu à sa rencontre. Ni même qu'il se serait métamorphosé en... en... ça. " Quoi moi ? " Lança-t-elle sèchement en fronçant les sourcils. Son visage neutre montrait de l'irritation mais ses yeux pétillaient. Elle sentait la fierté monter en elle. Lola Rambaud avait été l’ennemi numéro un de ce type lors de leur adolescence. Et aujourd'hui, avec cette première impression qu'il lui renvoyait, elle se sentait heureuse de l'avoir choisi lui et rien que lui comme souffre-douleur attitré. Ou était-ce l'inverse ?

" Derek. " Imita-t-elle, un sourire narquois aux lèvres.

Elle ne savait pas si c'était lui ou son égo surdimensionné mais Lola sentait un frisson lui parcourir l'échine. Lola s’apprêtait à lui sortir un de ses jeux de mots cynique mais à ce moment, le macho du train la bouscula délibérément et hâta le pas vers la sortie de la gare. Les bagages de Lola étaient étalés sur le sol et l’une de ses valises avait déversé son contenu sur le quai 12 de la Centraal Station. Elle fulminait. " ESPECE DE CONNARD ! " Hurla-t-elle en français. Cette langue étrangère fit retourner quelques autochtones d’Amsterdam qui étaient également venus chercher leurs proches. S’abaissant à terre pour ramasser ses petites culottes éparpillées –bon, ses vêtements surtout-, elle se hâta de ranger le tout en boule en remarquant que l’autre crétin ne lui venait pas en aide.

" Tu me paieras un verre ! " Lança sèchement à Derek lorsqu’il annonça qu’il avait besoin de boire maintenant que sa vue ait été souillée par la vision de la plantureuse Rambaud.