I plead not guilty ... [R.]

Le bruit sourd de la rue tira Jamie de sa lourde torpeur : s'étirant mollement, elle écrasa un bâillement sans toutefois ouvrir ses yeux. Sa tête tournait légèrement, et elle n'avait envie que d'une seule chose et c'était de se rendormir. Elle pivota légèrement, et commença à tapoter sur le dos de la personne qui se trouvait à ses côtés :

« Lolo ... va fermer la fenêtre s'il te plaît »

Elle se retourna, et s'enfonça dans le lit, tirant un peu plus la couette sur ses épaules. Alors qu'elle commençait à repartir dans un sommeil profond, elle se rendit compte que sa place n'allait pas. Ni les odeurs de la pièce. Déjà, elle était allongée à gauche, ce qui la surprenait puisque autant chez elle que chez Lorenzo elle dormait toujours - à aucune exception prêt - à droite. Et outre son horrible haleine de lendemain de fête alcoolisé, elle ne connaissait pas du tout, ou alors très vaguement, celle qui était imprégnée sur les draps. Aurait-elle vomie ? Fronçant les sourcils, elle ouvrit doucement ses yeux et sursauta : ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout la couleur de ses draps habituels. Elle leva un peu plus les yeux : ce n'était pas sa table de nuit, ce n'était pas sa lampe de chevet, ni les murs, ... Après mûre réflexion, elle ne se connaissait pas du tout cette chambre.

D'un coup, elle se redressa dans le lit, les cheveux d'un côté plaqués sur son visage et de l'autre dressé, signe d'une nuit agité, et sur elle, aucun pyjama apparent. Les yeux de Jamie s'arrondirent et malgré le fait qu'elle devait avoir la pire gueule de bois que le monde n'est jamais connu à ce moment précis, elle réalisait doucement de ce qui se tramait. Attrapant le premier drap pour recouvrir son corps, elle prit une profonde inspiration : à présent tout se compliquait. Elle se retourna lentement vers la forme endormie à ses côtés. Aïe, aïe, aïe. Elle regarda le plafond, comme pour appeler Dieu de faire clémence sur l'identité de la personne, puis comme si elle ôtait une capsule d'uranium d'un silo nucléaire, elle tira doucement sur la couverture.

« BRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »

Jamie, prise de panique et d'un spasme violent, bascula la tête en arrière. Dans sa chute, brassant l'air avec de grands gestes des bras, elle entraîna la lampe de chevet par le fil électrique, et alors qu'elle s'étalait comme une larve sur le sol, la lampe finit la même chute en s'écrasant sur son front. « AÏE MERDE ! ». Se roulant par terre, la main appuyée contre son front, la couverture s'entortilla autour d'elle comme un boa. Elle se redressa en titubant, et hésitante, pas vraiment prête à l'idée d'une confrontation physique et encore moins verbale avec la personne qui avait du être réveillée par les cris. C'était trop dure à croire, même si les tessons de bouteilles autour du lit semblait le témoigner, mais elle n'avait strictement aucun souvenir de comment elle était arrivée ici, pourquoi elle était avec un homme qui n'était pas Lorenzo ou même son voisin pervers Gunther. Si elle n'avait pas mal au crâne et la nausée, peut être qu'elle aurait été plus apte à se souvenir de la nuit dernière.

A travers ses yeux fermés, mais conscient, il pouvait sentir la douce luminosité du matin qui s'était abandonner dans la chambre. Malheureusement cela ne pouvait pas estomper les battements graves de la troupe d'africains qui frappait dans son crâne comme si le chef de leur village célébrer son 4ème mariage depuis plusieurs minutes. La douleur l'empêchait même de taquiner l'espoir d'ouvrir un seul œil. Puis les fracas ambiants de la rue vinrent stimuler la bande de black. Aouuuch.. Il ressenti ensuite les vibrations d'un corps en mouvement qui n'était pas le sien, puis une main fraiche lui tapota sur le dos.

« Lolo ... va fermer la fenêtre s'il te plaît »

Tout ce compliqua en une fraction de seconde. Gardant les yeux fermés par peur de surprise, il réfléchit rapidement à la situation. Une voix féminine, ça veut dire une femme, une femme qui est dans son lit. Pas du tout la voix de Patsy, tout va bien bon sang. Il sentit la couverture se faire tirer vers le haut, mais il n'osait toujours pas ouvrir les yeux. Les grandes questions accoururent aussitôt; qui est la personne à côté de lui ? Comment elle est arrivé ici ? A vrai dire, l'orchestre africain aurait pu modifier sa perception du son, on ne sait jamais. Par un réflexe personnel de consolement d'esprit, il en arriva à la conclusion qu'il avait peut-être mal entendu sa voix. Se perdant dans ses réflexions, il ne se souvenez déjà plus de ce qu'elle avait dit quelques secondes auparavant. Enfin bref, si c'était Patsy, ils avaient du avoir une réconciliation durant la soirée. Les questions trouvaient leurs réponses. Il apaisa son esprit, et essaya de se rendormir. Puis les mouvements reprirent, quelque chose clochait. La couverture sur la tête, ses yeux s'ouvrirent doucement, et par un espace découvert, distinguaient le dos nue de la jeune femme qui s'était violemment relevé.. Sa peau était différente de celle de Patsy.. Son cœur s'emballa, il refermât les yeux quand il sentit la couverture glissait sur son corps à moitié nue..

« BRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH »
« AAAAAH »

Surpris par le rugissement de la demoiselle, il roula sur le côté comme un vulgaire rondin de bois, la couette partant du côté féminin, il s'écrasa brutalement à terre sans aucuns amortissements. De l'autre côté, le fracas ne fut pas moins pire, il entendu un objet s'éclatait par terre après un AÏE MERDE particulièrement effrayant.. Il hésita 30 secondes à se relever et voir de qui il s'agissait, puis remonta doucement sa tête et arrêté son regard au niveau du lit comme par un réflexe de protection. Là il n'en crut pas ses yeux.. « Jam.... mais... euh.... » Se passant les mains sur les yeux par un vain espoir de mauvais cauchemar, il continua à baragouiner.

« Comment t'as fait... pour...pour...te foutre dans mon lit toi ?!. »

Les ennuis ne faisaient que commencer.. Et l'orchestre national du Burkina Faso semblait plutôt optimiste au mic-mac de ce réveil. Maël resta assis par terre, en caleçon et n'en revenait toujours pas. Jamie Verdi était encore dans son lit il y a 5 minutes et impossible pour lui de se souvenir comment elle avait pu atterrir ici ? Il l'a regardé d'un air à la fois choqué, perdu, effrayé mais surtout intrigué par l'énigme qui se posait.. « Putain.... Putain... PUTAIN ! » Il tapa du poing sur le lit et se rata sur le bord en bois. « PUTAINNNN ! ça fait mal. »

[ pardoooon pour le retaaaard ]

Plaquant ses mains sur son visage, Jamie ferma ses yeux de toutes ses forces en se disant qu'elle dormait encore, et que son esprit, encore sous l'emprise de l'alcool, lui jouait un mauvais tour. Pour le moment, aucun souvenir de la soirée de lui revinrent, sauf la première partie qui était encore fraîche. Entendant toujours Maël hurler à la mort comme un cheval qui aurait raté une haie - rappelant par la même occasion qu'il était toujours bel et bien là et que Jamie ne rêvait pas - elle se mit à secouer ses mains dans l'air, comme si elle cherchait à s'envoler, puis elle s'écria soudain.

« Okay, okay, okay on se calme ... ON SE CALME ! ARRÊTE DE HURLER JE SUIS PAS SOURDE !!! »

Elle prit une profonde inspiration et ouvrit lentement ses yeux. Restant un moment interdite face au lit double qui la séparait de Maël, elle prit une longue et profonde inspiration en déclarant d'un ton solennel « Je n'ai aucune idée de ce que je fais ici, ni comment j'y suis arrivée et encore moins de .... »

Elle se figea, alors qu'elle avait lentement remonté son visage vers Maël. Tournant légèrement la tête, elle fit un léger signe avec son doigt : « Tu pourrais t'habiller, ça m'aiderait à émettre des hypothèses .... »
La situation était des plus ironiques en y repensant. Après tout ce n'était pas le premier homme nu qu'elle voyait - là encore tout est relatif - mais elle avait gagné une espèce d'habitude complètement stupide depuis qu'elle était en couple de façon sérieuse avec Lorenzo (elle aime croire qu'il y a eut plusieurs étapes) : elle consistait à se cloisonner les yeux à toutes formes de nudité masculine. C'en était devenue encore plus pitoyable qu'elle sautait accélérait les films, censurait les pubs pour parfums, etc ... Mais alors là, son coeur pourrait bien signé ses dernières heures rien qu'en repensant qu'elle ait partagé un lit avec un homme. Un homme nu.

Elle hocha frénétiquement la tête pour tenter de passer outre - pour le moment - cette pensée. Se redressant d'un coup, le drap recouvrant toujours son corps dénudé à la romaine, elle traversa le lit debout, et s'agenouilla devant Maël, le secouant violemment par les épaules, comme si elle cherchait à faire sortir les pensées de sa tête.

« Dis moi ce dont tu te souviens, pitié me dis pas qu'on l'a fait, me dis pas qu'on a fait plus que dormir, DIS MOIIIIIIIII !!!!!! »

Elle se retourna mollement, rongeant nerveusement l'ongle de son pouce et murmura pour elle même « Si Lorenzo l'apprend je vais finir brûlée vive sur la place publique » Elle n'avait aucune envie que ça arrive. Pas d'être brûlée - quoique ça ne serait pas très plaisant non plus - mais plutôt que Lorenzo le découvre. Aïe et aussi sa soeur. Et puis après tout il fallait peut être mieux qu'elle ne se souvienne de rien, ça permettait toujours de garder l'espoir qu'il n'y avait rien eu dans ce lit à part des ronflements.

« Okay, okay, okay on se calme ... ON SE CALME ! ARRÊTE DE HURLER JE SUIS PAS SOURDE !!! »

Ouh la.. Face au rugissement de la demoiselle, Maël poursuivit sa grimace de douleur en silence. Son esprit vacilla entre sa blessure (il s'était surement péter quelque chose ou bien était encore une petite chochotte) et l'éternelle question commune aux deux comparses; comment elle est arrivé là ? Les musiciens burkinabe dans son crâne -et maintenant dans sa main- n'était pas non plus d'un grand renfort pour réfléchir dès le réveil. A l'accoutumée, Maël avait besoin de boire un café, fumer une clope et écouter de la musique, en plus de sa douche et de son petit-déj, avant de pouvoir émerger totalement. Inutile d'en rajouter plus, la situation semblait déjà assez critique comme ça. Ou peut-être pas.. Il était nu, contrairement à ce qu'il croyait et elle semblait avoir tout vu. Je dit bien TOUT. Il attrapa rapidement un caleçon, peu importe s'il était sale ou non, l'objectif était de couvrir la chose. En y prêtant attention deux secondes, entre deux rythmes traditionnelles africains, elle était aussi nue sous ce drap, son drap. Il avait vaguement vue son corps sous la couette et avait su tout de suite que ce corps n'était pas celui de Patsy, Jamie était plus grande mais aussi plus svelte et il se rappela aussi quelques grains de beauté mais nous nous égarons..
N'osant pas prendre les devants et essayer de résoudre la situation, il se gratta machinalement la tête en grimaçant quand elle s'agita à nouveau, faisant un vacarme pas possible sur le lit (du moins ça encourageait les africains), elle se retrouva la seconde suivante agenouillé devant lui. Sans comprendre vraiment ce qu'elle fit, il se retrouva secoué comme un shaker de cocktail, ce qui n'était, vu sa gueule de bois, pas un bon moyen de faire revenir les souvenirs. Que les dieux soient loués, elle s'arrêta au moment où il senti les nausées débarquaient. Il reprit une inspiration avant de lui répondre..

« De un, je suis pas un... COCOTIER que tu peut secouer, OK ??! Je suis un être humain qui vomit... quand on le secoue trop ! Secondo ! Si je me souvenais du pour...quoi du comment... de tout..tout ça, je te le dirais MERDE ! Raisonnons logiquement, si....on....l'a fait... » Ces mots ne lui inspirèrent pas vraiment confiance, il marquis une pause traduisant son malaise et reprit de plus belle. « ...Devrais y avoir... des cap..OTES ! » Fit-il en levant le doigt comme Détective Conan..

Il se leva d'un coup comme prit d'un flash. Bien sur rien ne lui était vraiment venu en tête. Il essayait simplement d'arranger un peu les choses avec une idée surgi du néant que représenter son pouvoir de réflexion à ce moment précis.. « Enfin DES, je veut dire une capote...enfin tu m'as compris quoi.. Si on en trouve pas, ça veut dire qui s'est rien passé... et qu'on a juste dormis ensemble et....nu. »
Croyant dur comme fer à son hypothèse, il commença à chercher par terre. Son esprit, toujours perturbé par la troupe du Burkina Faso, imagina une scène effroyable; et si elle était sous le lit... Faisant semblant de chercher par terre et sous les vêtements parsemés dans la chambre, il ne voulait pas se rapprocher du lit.. Sa main finit par atterrir sur la petite culotte de la demoiselle qu'il prit avec soin et lança vers Jamie..

« Tiens... ça c'est pas à moi déjà..»