Who Let The Dogs Out, OUT, OUT, OUT. [R.]

Brunella avait pénétré dans l’appartement d’Asher, et avait inséré un cd au volume maximum pour réussir à faire sortir Asher de sa chambre. Il n’était que huit du matin, et elle ne semblait pas être effrayée par les possibles représailles du garçon qu’elle considérait comme un frère. Mais le voir au pied du lit, les cheveux en bataille, les yeux à moitié clos lui semblaient très amusant, surtout quand il n’avait pas le courage de la sermonner. Ce n’était pas le première fois qu’elle lui faisait un coup pareil, les premières fois, il l’avait engueulé, mais se rendant compte que cela n’y changeait rien, il abandonna cette idée, priant chaque soir de pouvoir dormir un peu plus longtemps. Quelle idée il avait eu en lui donnant sa clé. De nombreuses fois, il avait cherché à la reprendre, mais rien n’y faisait, elle faisait son caca nerveux, tapé des pieds comme une petite fille à qui on refusait d’acheter une poupée Barbie, et il lui rendait finalement pour ne pas avoir la surprise d’être écrit au marqueur sur le front.

Il était à présent évident, que Brunella avait réveillé tout l’immeuble, et cela n’allait être qu’une question de temps, pour voir ses voisins débarquaient, et lui demandaient le pourquoi du comment, et comme à chaque fois, il allait dire que c’était son imbécile de sœur légèrement retardée qui faisait ça. L’excuse passait toujours très bien, encore plus quand ils voyaient Brunella se trémoussait, puis, les voisins s’en allaient en faisant des sourires lourds de sens, en faisant des messes basses qui voulaient sûrement dire que cette fille devrait se faire interné. S’apprêtant à éteindre la chaine hifi pour stopper ce vacarme, Brunella se jeta littéralement sur le dos d’Asher, et le choppa par les cheveux comme elle aimait le faire. Peut-être le prenait-elle un peu trop pour un poney, en tout cas, Asher détestait quand elle faisait ça, mais encore une fois, il ne dirait rien, parce qu’il l’aimait trop ? Sûrement. Qui ne pouvait pas aimer Brunella, et sa stupidité légendaire.

Asher se dégagea de l’emprise de Brunella, qui semblait bien déçue, encore plus quand il stoppa la musique. « Brunella, tu le fais exprès ou quoi ? Il est huit heures, tu as dut réveillée tout l’immeuble. » Assise sur le canapé de celui-ci, elle baissa la tête, comme une enfant, et fit la moue. « Je m’ennuyais, puis, ils commencent à avoir l’habitude, ce n’est pas comme si c’était la première fois. » Brunella cherchait toujours à avoir réponse à tout, dans tout, pour tout. Il semblait qu’elle tenait ça de son père. Un magnifique défaut. Cela devait être de famille, puisque Boheme était exactement le même portrait que Brunella, en peut-être un peu moins débile. « En tout les cas, j’ai réussis mon coup puisque tu es debout. » Oh oui, elle était fière d’elle, car elle connaissait le penchant d’Asher à ne pas savoir se rendormir quand on le réveillait brutalement. Exaspérait, Asher relança la musique en baissant malgré tout le son, ce qui ressemblait à un acte d’abdication, de la part d’Asher. Affichant un sourire satisfait, elle se leva et embrassa Asher sur la joue.

Lui attrapant la main, elle le conduit droit à la cuisine, où elle le força à s’assoir. « Alors, que veux-tu manger ce matin ? » C’était sûrement le seul point positif lors des venues de Brunella, elle se débrouillait plutôt bien à la cuisine, et quand elle rendait visite à Asher, elle avait pour habitude de lui préparer son petit déjeuner, ou son repas, cela dépendait aux heures auxquelles elle se pointait. Mais ne jamais lui faire une confiance aveugle, car une fois, elle avait bien faillit mettre le feu à la cuisine d’Asher. Depuis, il semblait plutôt mal à l’aise, bien qu’il la laissait faire, tout en gardant un œil sur les manœuvres de la jeune femme.

C’était un rêve des plus agréables qui avait débuté dans l’esprit d’Asher. Il y voyait de jolies filles qui n’avaient d’yeux que pour son corps sculptural se trémousser et se coller à lui en tout bien, tout honneur, bien évidemment, sur fond de Candyshop. Le décor était on ne peut plus agréable puisque le jeune homme et les charmantes poupées qui l’accompagnait se trouvaient vraisemblablement sur une île du Pacifique. C’était de toute évidence le genre de rêves dont les hommes et en particulier, ceux du type d’Asher, à savoir les bon chic bon genre, bien sous tout rapport, qui, en fait, étaient encore plus portés sur la chose que les autres, raffolaient. Tout semblait parfait jusqu’à ce qu’un évènement inconnu vienne semer le trouble dans l’esprit du jeune homme. La chanson de 50 Cent fut vite remplacée par une des Baha Men, dont Asher était particulièrement fan et qui faisait référence à des chiens. Et tout à coup, ce ne fut plus de jolies filles dotées par la nature de plaisants attributs qui vinrent se coller à Asher mais bien Brunella. Du moins, c’est ce que crut Asher puisque la jeune femme semblait avoir perdu la tête, au sens propre du terme ; celle-ci apparemment remplacée par une tête de poney pour X raison. Ainsi, de larges et longues dents avaient pris la place des quenottes de la jeune femme et une crinière descendait en cascade sur ses épaules très velues désormais. L’inconscient d’Asher finit par prendre le dessus et il se réveilla enfin, ne pouvant retenir un cri aïgu. « AAAAAAH ! » Avant qu’il ait eu le temps de réaliser ce qu’il se passait, il fut tiré en arrière, par les cheveux et ressentit tout à coup une douleur atroce dans le dos. C’était comme si on lui brisait la colonne vertébrale, juste par plaisir. Quelqu’un était visiblement sur lui et pour une fois, cela lui déplaisait car personne d’autre que Boheme n’avait droit à ce privilège, et encore. La personne en question finit par lâcher son étreinte au bout de quelques secondes et Asher put enfin retrouver une mobilité quasi normale. Il parvint à se retourner et aperçut avec horreur Brunella. L’image de son amie, sa protégée, assaillit de dents de poney et d’une crinière lui sauta aux yeux et il ne put s’empêcher d’éclater de rire à cette pensée, sous les yeux ébahis de l'intéressée.

La musique qui émanait de la chaîne hifi située non loin du lit finit par lui parvenir aux oreilles lorsqu’il retrouva ses esprits et il s’empressa de l’éteindre : il ne voulait guère que ses voisins, aigris, vieux et qui semblaient être de fervents adeptes du nudisme débarquent en trombe à cette heure de la journée. Plus jeune, il avait déjà été traumatisé par son arrière grand-mère sénile qui avait oublié ce qu'était une culotte lorsque son frère et lui se rendaient chez elle ; ce n'était pas la peine d'alimenter ses nuits d'horribles cauchemars. Les rires qu’il avait laissé échapper désormais bien loin, il la dévisagea d’un regard qui en disait loin. Une nouvelle fois, elle lui servit sa méthode pour l’amadouer sur un plateau d’argent et il ne put comme toujours y résister. Ils se connaissaient par cœur et savaient jouer des faiblesses de l’autre. Brunella était d’ailleurs une reine à ce petit jeu. Elle se défendit comme elle put face à ces agissements et ce fut assez pour convaincre Asher qui ne dit rien. Il laissa définitivement tomber l'idée de lui faire la morale lorsqu'elle vint déposer un baiser sur sa joue.

Elle le força à s'asseoir sur l'un des grands sièges qui se trouvaient à proximité du bar de la cuisine et Asher enfouit sa tête dans ses mains. Un mal de tête affreux assaillait son esprit de toutes parts et ce fut avec peine qu'il répondit à sa question. « Donne-moi les restes de chili con carne d'avant-hier s'il te plaît. » Voyant la tête qu'elle faisait, surprise de cette réponse qui ne semblait guère appropriée à cette heure de la journée, il se contenta d'un haussement d'épaules et se mit une claque pour tenter de se réveiller un peu. « Tu peux me rendre un service ? », la supplia-t-il du regard. Elle répondit en faisant oui de la tête et il poursuivit d'une voix lente, causée de toute évidence par le mal de tête qu'il avait. « A l'avenir, interdis-moi de sortir avec Caleb même si ça semble alléchant. Hier, on a commencé par aller au Showcase et on a fini... dans une boîte gay où un de mes anciens clients que je pensais marié était déguisé en Cher et m'a dragué. » En y repensant, il éclata de rire. La soirée d'hier avait été mouvementée et resterait dans les annales, c'était une évidence, même si ce n'était pas pour les raisons dont avait l'habitude Asher.

Depuis qu’Asher n’était plus avec Boheme, Brunella ne faisait que coller cet homme plus âgé qu’elle. C’était une espèce de frère, et son cœur s’était brisée quant elle avait su qu’il avait prit peur. Brunella savait que cela pouvait arriver aux meilleurs d’entre nous, mais pas à Asher, et elle avait eu bien des difficultés à lui parler sans faire avalé un poison à son ami de toujours. Bien sûr, sa sœur n’en savait rien quant à leur amitié retrouvée, et il valait mieux. Car la fureur d’une Weldon pouvait être rudement violente, et après, allez savoir ce que Boheme pourrait s’imaginer sur les deux acolytes. Depuis, Brunella avait prit l’habitude de rendre vite à son ami, son frère. Lui offrant même une clé, Asher devait sûrement le regretter un peu, puisque Brunella se retrouvait toujours chez lui, assez régulièrement. Mais au fond, elle était loin d’être désagréable, peut-être un peu idiote et énervante à ses heures, mais elle pouvait être un véritable amour, et un vrai réconfort dans les moments délicats.

Brunella lui avait pourtant promis de ne plus venir aussi tôt chez lui, et encore moins le réveiller de cette façon. Mais cela était devenu très vite une habitude chez la jeune Hollandaise, et on ne pouvait pas lui en vouloir quand elle faisait cette même moue qu’elle venait de servir à Asher sur un plateau d’argents. Elle savait comment se faire pardonner, et c’était un jeu qui l’amusait grandement, bien que Brunella savait qu’Asher ne partageait certainement pas le même amusement, bien qu’il commençait à avoir l’habitude. D’ailleurs, elle se renfrogna quelque peu quand Asher lui rigola au nez, ne comprenant pas exactement pourquoi, surtout qu’à peine avait-il posé son regard sur elle qu’il avait ri aux éclats comme si elle avait écrit une chose débile sur son front. Mais malgré tout, elle se résigna à lui poser la question, n’étant pas sûre de vouloir savoir le pourquoi du comment, autant resté dans l’ignorance, plutôt qu’être vexée.

Alors qu’elle le força à venir avec elle jusque dans la cuisine comme si elle se trouvait chez elle, elle était prête à lui préparer du bacon, des pancakes, bref, un petit déjeuner assez copieux, comme ça, elle était persuadée de réellement le réussir, et qu’elle fut sa déception quand il lui annonça qu’il souhaitait les restes du Chili. Il devait être un peu plus de huit heures, et il souhaitait mangé son reste de Chili comme petit-déjeuner, était-il tombé sur la tête ? Mais elle ne décida pas de relevé, parce qu’il lui demanda un service, et Asher savait combien elle aimait se sentir utile, mais sa déception fut immense quand il souleva le prénom de son frère, Caleb. Depuis quelques temps, dès que Brunella et Asher avaient une discussion, le sujet revenait toujours sur Caleb ou sur l’enfant, alors bien sûr, Brunella devenait plus silencieuse ou au contraire, elle se montrait assez méchante quant à Caleb. « En même temps, c’est ton frère, et quel stupide frère aussi, tu devrais savoir te gérer seul, ce n’est pas la première fois qu’il t’emmène dans des délires aussi gros que le monde. »

Approchant du frigo, elle en sortit le Chili qu’Asher souhaitait, le mettant ensuite dans le micro-onde. Finalement, elle sorti un verre, le remplit d’eau, et tandis une aspirine à Asher. Il semblait avoir un mal de crâne, enfin, plutôt, Brunella s’en doutait, car c’était toujours ainsi quand il revenait de soirée avec Caleb. « Ton frère est vraiment, vraiment, étrange. Tu es sûr qu’il ne cacherait pas un côté gay en lui, parce qu’aller dans une soirée gay, avec un beau garçon comme toi, faut pas se surprendre que tu te sois fais dragué mon pauvre. » À vrai dire, Brunella s’amusait beaucoup de la situation, car elle imaginait tellement bien la scène, qu’elle ne put retenir un petit sourire amusée. Et finalement, prenant un air détaché, elle dit « Et… Caleb s’est fait dragué ou à draguer aussi ? » Brunella se dirigea finalement vers le micro-onde qui se fit entendre, et déposa le Chili devant Asher, avant de lui donner une fourchette. Le voir manger ça aussi tôt, lui retournait l’estomac, et pour finalement en revenir à ce qu’elle avait auparavant, comme pour se justifier face au regard d’Asher, elle dit « Pas que ça m’intéresse. » En fait, si, mais, cela l’embêtait de l’admettre.

Sans compter Caleb, les sœurs Weldon avaient toujours été indispensables dans le quotidien d’Asher. Il avait maintes fois tenté de comprendre quels en étaient les raisons, les facteurs qui au fil du temps l’avait rendu aussi dépendant d’elles deux, lui qui, par le passé, n’avait eu besoin de personne pour se sentir en vie, pour être heureux et fier de ce qu’il avait accompli et pour pouvoir s’auto-congratuler d’être devenu la parfaite incarnation de ce que le commun des mortels appelait une bonne personne, quelqu’un sur qui l’on pouvait compter, en somme – puisqu’après tout, n’est-ce pas là ce que chaque individu quelque soit son origine, ses croyances ou même les attentes qu’il fonde en la vie recherche inlassablement, sans relâche, comme si sans cela, il ne pouvait vivre ; quelqu’un qui serait là pour le soutenir, le conseiller, l’écouter, tout simplement. Ses recherches quotidiennes et teintées d’une volonté sans faille étaient néanmoins toujours restées infructueuses, à tel point qu’au bout d’un certain temps – de plusieurs années, dans le cas présent – il avait tout bonnement laissé tomber. Cela relevait sûrement de quelque chose d’inexplicable et qui resterait sans réponse qu’on le veuille ou pas. Asher s’était donc malgré lui résigné à l’idée qu’il n’obtiendrait jamais d’explication quant à cette question qui n’avait cessée de le perturber depuis qu’il avait pris conscience de son attachement envers elles. Bien qu’ayant de nombreux points communs, elles étaient toutes deux par de nombreux aspects diamétralement opposées l’une à l’autre et c’était en cela qu’Asher avait compris que résidait l’originalité principale de leur relation. Ainsi, Boheme, l’aînée, était plus posée, plus réfléchie que sa cadette ; celle-ci ayant un peu trop tendance à agir sans prendre en compte les conséquences que cela pourrait avoir par la suite, pour elle et pour les autres. Ce point-là n’est qu’une infime raison qui contribue à les différencier l’une de l’autre tant la liste est longue. A leur manière, et sur un laps de temps différent, elles ont ainsi su insuffler à Asher un nouveau souffle. Avec elles, tout ce qu’il croyait vrai, fondé s’est retrouvé contrecarré par des aspects qu’elles ont su différemment exposer. Le regard du jeune homme sur le monde qui l’entourait à changer en leur présence et il n’en fut que plus satisfait lorsqu’il en prit conscience. Il ne saurait décrire avec une parfaite exactitude ce qu’elles ont provoqué tour à tour en lui mais il est clair pour tous et d’autant plus pour le principal intéressé qu’elles l’ont changé. Dans le bon sens du terme, s’entend. Grâce à elles, à force de les côtoyer, il est devenu meilleur. Elles lui ont ouvert les yeux et donné davantage de raisons – qu’il n’en avait déjà – d’être fier de lui et de l'homme qu'il est devenu.

Tout avait bien commencé mais la réalité les avait tous un à un rattraper, Asher le premier. La vie - et la fatalité, de toute évidence - les avaient pris de cours. Ce n'était donc pas s'induire en erreur que de dire que c'était principalement à cause de cela que la situation était aujourd'hui ainsi. De différentes manières, certes, mais pour au final obtenir le même résultat, ils avaient tous emprunté sans le savoir le mauvais chemin. Asher avait pris peur et avait laissé l'amour de sa vie, seul ; Boheme, elle, s'était rabattue sur la première chose qu'elle avait trouvée, faisant fi de ses sentiments ; Brunella n'avait pas choisi la bonne personne même si elle n'osait pas se l'avouer et Caleb, lui, avait eu la mauvaise idée de rester fidèle à lui-même. Chacun, tour à tour, s'était menti à lui-même et avait engendré bien plus de dégâts qu'il n'y en avait déjà. Le groupe qu'il formait, autrefois si soudé, était désormais brisé et rares semblaient les chances que tout redevienne comme avant. Autre question restée sans réponse pour Asher, du moins : pourquoi étaient-ils en arriver là ? A quoi cela servait-il ? Ne pas trouver de réponses à ces questions laissait une plaie béante en lui. Il avait mal, mal de constater que peut-être, il n'y avait plus d'issue possible. Que tout était peut-être désormais fini entre elle et lui...

Depuis quelques semaines, bien qu'il avait gardé tout cela pour lui, Asher avait remarqué quelque chose qui l'amusait au plus haut point. En effet, il était évident que Brunella en pinçait pour son frère Caleb tant elle en parlait, faisait de petites allusions à lui ou feintait de demander de la manière la plus innocente qui soit des nouvelles du jeune homme. Ce coup de coeur qu'elle avait eu pour Caleb, Asher avait su à l'instant même où l'un avait croisé le regard de l'autre qu'il était inévitable, aussi bien d'un côté comme de l'autre mais n'était toutefois pas intervenu, du moins, jusqu'à maintenant. Il avait laissé les choses se tasser - ou pas - pour que les deux intéressés se rendent compte de ce à quoi ils devaient à présent faire face, quelque chose qui leur était totalement inconnu à tous les deux. Mais aujourd'hui, en ce début de matinée, alors qu'il devait affronter une des migraines les plus persistantes et douloureuses qui soit, alors qu'il avait été réveillé de la manière la plus tendre qui soit, Asher était prêt à intervenir. Il était décidé à ce que pour au moins deux d'entre eux, du groupe qu'ils avaient autrefois formé, les choses se terminent bien. Ainsi, bien qu'avachi sur le bar, la tête dans les mains, lorsqu'il entendit le prénom de son frère sortir de la bouche de celle qu'il considérait comme sa petite soeur, il réagit au quart de tour. « Tu sais que pour quelqu'un qui déteste cordialement Caleb, tu en parles beaucoup ? », lui fit-il remarquer non sans un certain plaisir, tout en effectuant un lèvement de sourcils significatif. « Sûrement plus que ceux qui l'apprécie, c'est dire. » Il savait que ce petit pic qu'il venait de lancer ne serait pas sans réaction et ce fut donc avec une franche envie de rire tant la situation était drôle et tournerait sans aucun doute au désavantage de son amie qu'il la contempla, cherchant à déceler la moindre faille du système sur son visage, l'erreur qui la trahirait.

Ce fut de bon coeur qu'il accepta l'aspirine et le verre d'eau qu'elle lui tendit. Il fallait vraiment que son mal de crâne passe pour qu'il puisse s'adonner à ce nouveau passe-temps qui s'annonçait provocateur de réjouissantes situations pour lui, pour qu'il puisse la titiller et lui faire avouer ses sentiments. Asher ne put réprimer un sourire lorsque Brunella, tentant d'avoir l'air détaché, en vint à parler de ses doutes - infondés - concernant la véridicité de son hétérosexualité. « C'est fou comme dès que tu te sens menacée, tu remets en doute les orientations sexuelles de chacun, tu sais. Et merci du compliment, au passage. » La situation était tellement drôle. Il savait qu'elle finirait par craquer et était bien décidé à ce que cela arrive le plus vite possible. Attendant sa réaction, il entama le chili qui était désormais réchauffé avec une agitation non dissimulée. Il mourait de faim et ce plat, bien que pas très frais, était la récompensé absolue, la cerise sur le gâteau. Approchant une nouvelle fois la fourchette pleine de viande de sa bouche, il n'eut néanmoins pas le plaisir de savourer son goût puisque Brunella venait de commettre l'ultime erreur. Elle venait de se trahir en lui posant la question à ne surtout pas poser. « Alors, ça t'intéresse ? Tiens, tiens... » Elle tenta de se rattraper mais c'était déjà perdu. « Pas à moi, même Clinton avait l'air plus sincère quand il s'est excusé pour son histoire de fesses avec la Lewinsky et pourtant, Dieu sait à quel point on y croyait tous alors arrête. » Passer d'une chanson de Baha Men à des pensées pour ses voisins qui aimaient se balader à poil sans oublier le chili et les doutes concernant l'homosexualité de Caleb pour finir sur l'affaire Lewinsky, c'était une conversation forte intéressante à n'en pas douter.